samedi 3 février 2007

De la fin de la République

En aurons-nous bientôt fini avec la République ? Si l’on en croit l’évolution de la cinquième du nom, d’ailleurs prophétisée par son fondateur dans “Les chênes qu’on abat” – dialogue avec André Malraux, la ressemblance avec les précédentes a de quoi frapper : même éclatement de la société française entre groupes de pression et communautés inconciliables, même perte de valeurs, de repères et de sens de l’identité nationale, même cynisme et incompétence de ceux qui prétendent nous gouverner, même absence de convictions et de conscience de l’intérêt général, même affaiblissement économique du pays, même effacement international de France, mêmes querelles politiciennes sans autre enjeu de l’occupation stérile de postes en vue. Arrêtons la liste.Les Français semblent percevoir de mieux en mieux l’impasse vers laquelle ce régime les pousse et pousse leurs enfants. Un nombre croissant de nos concitoyens comprend que les prochaines échéances électorales, quel qu’en soit le résultat, n’apporteront aucun remède aux maux dont souffre notre État républicain et son cortège d’échecs : ni les inégalités sociales qui ne cessent de s’aggraver, ni le chômage qui, malgré des hauts et des bas statistiques, reste parmi les plus élevés d’Europe, ni le poids extravagant des impôts et des autres prélèvements obligatoires, ni l’ahurissante complexité législative et réglementaire dans laquelle se débattent ceux qui essaient, envers et contre tout, de créer et d’innover, ne risquent de se réduire en 2007 et au cours des années suivantes. Nous le savons tous et il ne faut pas disserter très longtemps avec l’un ou l’autre de nos responsables politiques pour que lui-même l’avoue en privé.
Alors que faire ? Changer d’institutions, bien sûr ! Serait-on tentés de rétorquer comme un automatisme trop bien rodé. Tellement rodé qu’il a servi dix-sept fois depuis 1791, pour le résultat que nous avons sous nos yeux. 88% des Français se disent prêts à changer d’institutions. Mais la seule chose qu’on a pu évoquer jusqu’ici, c’est le mirage d’une VIème république. Mirage car elle ne pourrait rien nous apporter qui n’ait déjà été essayé depuis deux siècles d’errances : ni le régime présidentiel, expérience de la IIème république, ni le gouvernement d’assemblée, illusion de la première, ni le régime parlementaire à l’anglaise, tué avec les révolutions de 1830 et de 1848. Que reste-t-il ? Rien sauf, évidemment, l’opportunité de nous ridiculiser une fois de plus auprès de nos principaux partenaires européens et mondiaux. Tous, du Japon aux Etats-Unis en passant par l’Allemagne et le Royaume-Uni ont, souvent depuis longtemps, su concilier démocratie et efficacité, parfois d’ailleurs – ironie de la situation - en s’inspirant de nos grands publicistes : Montesquieu, Tocqueville, Constant…
Le temps ne serait-il pas venu d’admettre, enfin, que nous nous sommes un jour trompés de chemin et que ce bateau ivre qu’est la république doit être abandonné avant son prochain naufrage. Napoléon eut raison de la première, Napoléon III de la deuxième, Hitler de la troisième, les parachutistes d’Alger, sans même avoir eu à se déplacer, de la quatrième. Qui tordra le coup à la cinquième : un émule de Ben Landen, afin de préserver la tradition ?
Soyons raisonnables : entrons en nous-mêmes et réconcilions du même coup la France avec son Histoire. Reconnaissons nos erreurs. Travaillons à rétablir, sous une forme adaptée à son temps et dont, par exemples, l’Espagne et les pays scandinaves nous montrent le modèle, une monarchie moderne, dont les racines plongent au plus profond de la dynastie capétienne mais dont les branches se dressent résolument vers la grandeur retrouvée de notre France, puissante et apaisée.
par Henri Pontilliès, lundi, 22 janvier 2007

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