mardi 13 février 2007

La catéchèse des enfants en perte de vitesse

Seuls 30 % des enfants de 8 à 12 ans sont inscrits au catéchisme, contre 90 % en 1945. DR.
L'Église catholique veut replacer la Bible et la liturgie au cœur de son message.

La catéchèse n'est plus ce qu'elle était. Seuls 30 % des 8 à 12 ans sont concernés contre 90 % en 1945 et encore 45 % en 1993. Et Mgr Christophe Dufour, l'évêque chargé du dossier, prévient : “les références chrétiennes de la société française risquent d'être remisées dans le domaine de l'archéologie comme les temples de la Rome antique”.
“Désormais, a-t-il froidement constaté lors d'un débat sur l'initiation chrétienne, organisé par l'École cathédrale à Paris, l'enfant, le jeune ou même l'adulte, naît et vit dans un monde païen”.
Une déchristianisation qui s'est vigoureusement manifestée dans le dernier sondage CSA/Le Monde des religions. On y apprend que deux tiers des Français (67 %) se déclarant catholiques encore qu’ils ne représentent que 51 % de la population - ignorent le sens de la fête de la Pentecôte et 57 % ne croient pas au dogme de la Trinité.
Les préoccupations de l'évêque de Limoges sont partagées par l'épiscopat qui vient de publier un «texte national pour l'orientation de la catéchèse en France». “Le catéchisme, disent-ils, est désormais une question d'évangélisation, c'est-à-dire une première annonce dans un milieu déchristianisé, avec comme outils la Bible et la liturgie”.
Élisabeth Heneghan, mère de famille, possède une dizaine d'années d'expérience de catéchèse, en France et à l'étranger. Pour la première fois cette année, les adolescents dont elle s'occupe chez les jésuites au lycée parisien de Franklin lui ont demandé si elle était elle-même catholique. « Ce qui était évident, dit-elle, ne l'est plus aujourd'hui”. Avant de poursuivre, « les parents sont sans doute en recherche d'une culture religieuse pour leurs enfants, mais craignent l'endoctrinement d'une Église… ? »
De son côté, à Dax dans les Landes, Dominique Ferrier ne se sent pas du tout soutenue par l'école de sa fille Anaëlle, pourtant privée et catholique. “Nous ne savons rien de ce qui pourrait lui être proposé en matière d'enseignement religieux ou de soutien spirituel. J'ai peur qu'ils aient eux-mêmes baissé les bras. Difficile dans ce cas-là de l'encourager...”

« Je n'y crois pas vraiment moi-même »

Quant à Soline, maman d'un petit Damien de 7 ans, à Vierzon, elle hésite à inscrire au catéchisme son enfant, pourtant baptisé. Soline ne fréquente pas sa paroisse. “Je n'y crois pas vraiment moi-même, dit-elle, cela me semble difficile de le convaincre du contraire pour l'inciter à s'y rendre...”
“Les familles préfèrent souvent rester à distance”, constate avec regret le père Jean-Claude Reichert, directeur du Service national de la catéchèse et du catéchuménat. L'objectif consiste à les relier, par le biais de leurs enfants catéchisés, à une vie de communauté au sein de la paroisse réunie le dimanche pour la messe. L'Église sait aussi qu'elle peut toucher ces familles grâce aux propositions d'éveil à la foi des petits entre 3 et 6 ans.
Les parents participent à cette forme de « pré catéchèse », en plein développement dans les paroisses, et qui produit ses fruits. Le père Reichert fait ainsi remarquer que « chaque année, 10 000 catéchumènes adultes se préparent au baptême et 2 500 adultes sont baptisés ». Une manière de montrer que la proposition de la foi est toujours aussi dynamique, qu'elle s'exprime dans des formes différentes.
Mgr Dufour tient aussi à faire noter que « la proportion de catholiques engagés dans la société est la même qu'en 1945, sinon plus importante ». Et que le chiffre de 30 % d'enfants catéchisés « est encore plutôt honorable ». Auteur de La joie de la catéchèse [Éditions Parole et Silence] et responsable du dossier sur Paris, le père Olivier Teilhard prévient cependant : « peut-être le catéchisme a-t-il été trop imposé par le passé. Mais sa disparition serait synonyme de danger, soit par le retour du refoulé religieux, soit par l'apparition d'un totalitarisme humaniste dans lequel l'homme devient l'unique mesure de lui-même. » ???
SOPHIE DE RAVINEL. in Le Figaro, publié le 12 février 2007

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